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Abonder

Et si on prenait un café ?


Oui c'est vrai je l'avoue je suis un maudit français. Râleur, pénible, critique, suffisant. Mais il faut l'avouer certaines spécificités canadiennes m'insupportent, m'indisposent, m'horripilent, me mettent franchement hors de moi.

C'est assez rare et globalement j'essaie de tenir mes nerfs. D'autant que je me sens invité ici, donc mal placé pour critiquer, surtout que depuis quelques siècles ce grand pays survit indépendamment de mon aide, ce qui devrait être une preuve pragmatique suffisante de l'efficacité de son organisation, de la compétence de ses habitants, de leur courage et de leur travail. Sur de nombreux points, il faut le reconnaitre, le Canada a bien des savoir-faire à exporter de façon profitable dans nos vieux pays d'Europe. Quand on voit les chalets en bois de plus de 50 ans en parfait état ... hum ... Voila qui est tout à fait remarquable.

Je ne sais pas si vous avez déjà éprouvé cette sensation et ce sentiment, mais parfois après quelques efforts je ressens une légère fatigue et baisse de forme. Et quand, mon ou ma, partenaire propose bien à propos et si on prenait un café je ne peux m'empêcher de sentir un sourire se dessiner sur mon visage, un bonheur certain ouvrir mon cœur, un grand élan de reconnaissance et de complicité pleine de gratitude, envahir jusqu'au plus profond de mon âme, vibrant jusqu'aux tréfonds de mon être.

C'est donc dans un état second et presque béat, que nous poursuivons notre quête vers le plus proche Tim Horton ou genre, ce qui ici n'est jamais à plus de 5 minutes de 4*4. Un café et un croissant pour accompagner ! Voilà bien qui devrait réchauffer l'âme et le corps pour repartir d'un bon pied, et rendre cette journée de dur labeur supportable et même enviable. Malheur et catastrophe ! Retombée sur terre brutale et violente ! Coup bas ! Violence inouïe et inattendue. Attablé avec un grand verre fermé et fumant. (De la taille d'un verre moyen de coca chez MacDo pour que les Français comprennent la chose). Je croyais avoir commandé un café m'enfin bon ... Je trempe donc les lèvres dans ce breuvage et là... de l'eau ? De l'eau chaude et colorée, ce que dans notre jargon nous appelons de manière fort juste et imagée : un jus de chaussette. Mon moral accuse une chute, rapide, abrupte, genre descente à 90% avec écrasement en dessous du niveau de l'amer. Je tente une nouvelle gorgée, mais la ce n'est plus possible, c'est absolument imbuvable, insupportable, hors de tout propos, et de toute description. La prochaine fois je commande clairement une eau chaude au café, ça sera plus juste. J'abandonne le pot dans la poubelle.

Il me faudrait quelques vies supplémentaires pour m'habituer à ce qu'ici on appelle un café. Je me suis fait prendre plusieurs fois maintenant: c'est fini ! Quand on me propose un café ... je suis pris de tremblements et je refuse poliment tout en essayant de maitriser l'envie de lancer ce que j'ai sous la main partout dans la pièce en insultant copieusement mon généreux et innocent interlocuteur. Le café, je le fais à la cafetière à la maison, et je peux vous dire qu'il est noir ... vraiment noir, fort et gouteux ... rien à voir avec ce que l'on sert ici ... rien que d'y penser j'ai envie de jeter le laptop par terre y mettre le feu et danser nu sur ses cendres ... beurk ...



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